Quand il arrive dans un endroit, le caméléon prend la couleur du lieu. Ce n'est pas de l'hypocrisie ; c'est d'abord la tolérance, et puis le savoir-vivre. Se heurter les uns les autres n'arrange rien. Jamais on n'a rien construit dans la bagarre. La bagarre détruit. Donc la mutuelle compréhension est un grand devoir. Il faudrait toujours chercher à comprendre notre prochain. Si nous existons, il faut admettre que, lui aussi, il existe. Amadou Hampâté Bâ
Il existe des hommes où chaque épreuve les place dans une situation d’attente. Certains ne résistent pas à cette pression en emportant tout sur leur passage, comme les vagues de la mer, détruisant les navires, guettant les tempêtes et les foudres. D’autres espèrent avec détermination et confiance en continuant d’écouter le monde, celui qui les a forgé et celui qui, par force du souffle du vent, oblige à faire plier le roseau sans se briser.
Le parcours de Diombass Diaw, enfant de Dagana, appartient à la deuxième catégorie. Il a reçu une éducation chargée de valeurs qui s’inscrivent dans la lignée des grandes familles africaines. Et il possède un attachement naturel à notre mémoire sans douter une seconde de sa force vitale pour opérer des ruptures qui sont sources de progrès.
Parti jeune de sa terre natale pour conquérir une indépendance et une ligne d’horizon ouverte, Diombass Diaw a fait de longues études en Russie, déjouant le froid glacial d’une culture hostile à celui qui vient d’ailleurs et est différent. Résistant aux ombres de la discrimination avec ténacité, il a pu s’offrir une formation plurielle, cherchant à enrichir ses fondements d’origine sans les faire disparaître. Apprenant une nouvelle langue, le russe, après la langue maternelle et le français, Diombass Diaw a ouvert les synapses de sa propre culture avec patience qui fait appel à la tolérance.
Revenu au Sénégal, il a su mettre à profit ses qualités et ses compétences au service de la Senelec où il a d’abord été ingénieur avant de devenir un des hauts responsables de cette grande entreprise nationale. Toujours profondément attaché à son terroir du Walo, il a aussi œuvré pour faire que la région soit une terre de renaissance et de culture, s’inspirant de la longue histoire des royaumes et du passé comme bandoulière.
Ce souci de la transmission culturelle et de la réminiscence active est un acte qui s’inscrit pleinement dans le mouvement de la renaissance africaine.
Tous les troubles politiques et les trahisons successives de ces dernières années ne l’ont pas fait renoncer à cet idéal. Au contraire, il a continué d’imaginer ce que la terre nourricière a fait pour le peuple et ce qu’elle peut continuer d’apporter à ceux et à celles qui refusent un fonctionnement social et politique unilatéral.
De cette obstination indomptable, Diombass Diaw en a fait une permanence qui, au fil des années, s’est transformée en une évidence africaine. Accepter la couleur de la terre pour mieux se confondre à sa richesse a été juste une étape afin de poursuivre le but ultime : celui d’enfin faire vivre les voix ancestrales du Walo qui, en écho, répètent qu’il n’existe pas de vie supérieure à une autre, mais seulement le chant de la vérité, de l’équité et de la justice.
La longue expérience de Diombass Diaw, un chemin entrelacé de pierres multiples, fait de lui un messager de la terre sénégalaise. Aujourd’hui, il est chef du bureau économique de l’ambassade du Sénégal à Varsovie en Pologne où il est un représentant fidèle de notre nation. Car le lien qu’il perpétue avec notre récit culturel et notre prolongement historique est semblable à une tapisserie qui prend forme lentement mais sûrement pour donner à voir aux générations futures.
Ainsi Diombass Diaw est un homme de conviction qui a su allier la volonté de ses choix, avec calme, persévérance et énergie. Cette capacité d'adaptation suggère une harmonie signifiante qui entonne la renaissance, un chant qui a toujours guidé celui qui, tapi dans les berges du fleuve, a glissé dans l’eau pour atteindre les rives de la liberté et du renouveau.
Amadou Elimane Kane, poète écrivain, enseignant et chercheur en sciences cognitives, fondateur et directeur de la Case des Poètes (la Case Panafricaine de Recherche pour la Lecture et l’écriture), association loi 1901, agréée par un arrêté rectoral portant décision d’agrément académique aux associations éducatives complémentaires de l’enseignement public pour apporter leur concours à l’enseignement public, agrément délivré par le recteur de la région académique de l’Île de France, Recteur de l’académie de Paris, chancelier des universités de Paris et d’Île de France.